COLLÈGE LYCÉE EXPÉRIMENTAL

Le Collège Lycée Expérimental d'Hérouville-Saint-Clair

A l’école des élèves heureux

 « Les élèves d’ici sont comme ceux des autres établissements. Sauf que, chez nous, les outils et méthodes pédagogiques sont très différents. »

 


Voici, résumée par Loan Simon-Hourlier, professeur d’anglais, la philosophie du Collège-lycée expérimental (CLE) d’Hérouville- Saint-Clair (Calvados), mise en œuvre depuis maintenant trente ans dans la périphérie de Caen.

 Un laboratoire grandeur nature centré sur le bien-être des élèves, avec la volonté de les rendre plus épanouis, plus heureux, plus confiants. Si le CLE prépare au brevet et aux bacs généraux (ES, S et L), avec des résultats dans la moyenne française, cet établissement de 360 élèves propose une autre façon de vivre l’école.

Ici, tout est éducatif. Cela signifie que les professeurs sont à la fois instructeurs et éducateurs et que l’école développe le respect des autres, l’autonomie et la créativité.

Cette expérimentation montre que l’Education nationale n’est pas aussi monolithique qu’on le croit face aux mauvais résultats du système français (chaque année, 140 000 jeunes en sortent sans diplôme et nous nous situons en-dessous de la moyenne des pays riches dans les enquêtes internationales sur la qualité de l’école).

Depuis de nombreuses années, des enseignants entretiennent de nouvelles relations avec les élèves, testent des approches pédagogiques alternatives, favorisent les arts et l’expression des enfants.

Que ce soit au sein d’établissements expérimentaux, regroupés dans la Fédération des établissements scolaires publics innovants (Fespi) ou dans le secteur public traditionnel, où des enseignants motivés élaborent des projets originaux (livres et films réalisés avec des lycéens, cours de yoga en primaire, etc.).

Quant au secteur privé, il est loin d’être à la traîne, puisque la première école française pratiquant la méthode Montessori (qui favorise l’autonomie des enfants), fête cette année son centenaire…

En juin 2012, fraîchement nommé ministre de l’Education nationale, Vincent Peillon, a inauguré, à Orléans, le cinquième Forum des enseignants innovants et de l’innovation éducative.

Une façon de soutenir ces initiatives sans pour autant raviver la guerre entre les « pédagogues » (l’enfant et le jeu au centre de l’enseignement) et les « républicains » (la blouse grise et l’autorité comme méthode).

Car, pour Vincent Peillon, cette querelle est caricaturale : « Ferdinand Buisson, père de l’école républicaine avec Jules Ferry, a écrit l’un des premiers dictionnaires pédagogiques », explique le ministre.

25 % d’heures de cours en moins
Dans son projet de réforme, présenté le 23 janvier en Conseil des ministres, Vincent Peillon ne souhaite pas généraliser les expériences des CLE ou celles d’autres établissements, publics ou privés, au motif que « l’innovation doit être partout » dans l’Education nationale.

Reste que ces expériences sont riches de méthodes et d’approches pédagogiques, dont certaines, comme dans la banlieue de Caen, ont déjà fait leurs preuves.

 ollège-lycée expérimental d’Hérouville-Saint-Clai

Le CLE d’Hérouville-Saint-Clair est né en 1982, sur décision d’Alain Savary, alors ministre de l’Education, qui autorise quatre autres collèges et lycées expérimentaux (Oléron, Saint-Nazaire, Paris et Anduze).

Ici, tout est différent. On y voit des lycéens balayer la cour ou aider le personnel de service à la cantine… Mais la principale innovation concerne les rythmes scolaires. Là où les textes prévoient une heure de cours, l’établissement assure quarante-cinq minutes.

« C’est le temps d’attention maximum des enfants. Cela nous laisse dix bonnes minutes à la fin pour discuter avec collégiens et lycéens et repérer d’éventuels soucis, car nous considérons qu’un enseignant est aussi un éducateur », souligne François-Michel Dupont, le conseiller principal d’éducation (CPE).

A la fin de chaque classe, les jeunes viennent discuter avec leur prof d’un point du programme non compris ou de problèmes plus personnels.

Les cours « classiques » finissent à 14 h 30, le temps d’enseignement est réduit de 25 % par rapport aux collèges et lycées traditionnels.

L’après-midi, les élèves peuvent ainsi se consacrer à d’autres activités, « intégrées dans le cursus », précise François-Michel Dupont. Il s’agit « d’aides au travail, d’examens écrits pour les terminales, d’ateliers, de sports, de bilans, etc. »

En 6e, par exemple, le vendredi après-midi, les matières se « décloisonnent » : l’histoire est enseignée à partir d’un mélange de cours de musique, d’arts plastiques et de français.

Le jeudi, les terminales étudient en ateliers culturels (musique, théâtre, arts plastiques, slam, cours de cinéma…), dont celui des répétitions de la soirée « Cabaret », programmée juste avant les vacances de Noël.

« C’est un grand moment dans la vie du lycée, décrypte Loan Simon-Hourlier. Cela reste un spectacle scolaire, mais on voit éclore de vrais talents ! »

La seconde innovation réside dans le tutorat. Chaque élève est encadré par un tuteur qui suit une quinzaine de jeunes. « Toutes les trois semaines environ, le tuteur et son élève se rencontrent et font le point », détaille Loan Simon-Hourlier.

Résultats : des relations apaisées et des adolescents plus responsables et autonomes, à l’aise dans leurs baskets. « Je n’ai jamais eu de problème à l’école et je m’y suis vraiment épanouie, explique Pauline, 17 ans, en terminale. Ici, nous avons une vraie place, nous existons et sommes contents de venir le matin car, quand on se sent bien, on a davantage envie d’apprendre. »

Louise, scolarisée dans l’établissement depuis la 6e, s’inscrit en faux contre l’idée d’un mode d’enseignement qui, sous prétexte de pédagogie, serait laxiste. « On attend beaucoup de nous », dit-elle en évoquant les « contrats » entre l’élève et ses professeurs, fixant des obligations de travail.

Des élèves responsables et autonomes
Dans le public, en parallèle de ces établissements expérimentaux, des enseignants testent des pédagogies alternatives (blogs avec des écoliers sur l’environnement, utilisation de Twitter en primaire, etc.)et lréativité tiennent une grande place dans l’éducation des élèves du CLE d’Hérouville-Saint-Clair
A l’instar de Philippe, instituteur dans les Hauts-de-Seine, qui reconnaît devoir enseigner « discrètement » certains volets de son programme.

Parti récemment à la montagne avec des CM2, il a surtout travaillé « sur l’autonomie et la responsabilité des enfants, raconte-t-il. Ils devaient être capables de faire l’inventaire des affaires à placer dans leur valise en imaginant ce qu’ils allaient vivre sur place. Une de mes collègues n’a jamais compris l’intérêt de ma démarche. »

Pesanteur des règles et procédures, inertie face aux changements, regards critiques de la hiérarchie et des collègues… De son côté, le secteur privé de l’éducation s’est depuis longtemps affranchi de ces contraintes de l’école publique.

La première école Montessori a ouvert ses portes en France en 1913. La méthode a formé depuis des milliers d’enfants et d’enseignants. Et chaque année, de nouvelles écoles et approches pédagogiques voient le jour. 

(Antoine Dreyfus Publié le 15.01.2013 dans le Parisien)


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Le chef d'établissement Valérie Guindé,  présente le CLE : /
 
La ministre déléguée á la réussite scolaire s'exprime:
 
 

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